Je vous propose ce court article pour que vous ayez une vision des accidents que l’on rencontre le plus souvent lors d’une activité de plaisance. Ceci vous permettra de peaufiner vos chronologies vos procédures de sécurité afin d’éviter de rentrer dans ces tristes statistiques.
Pour réaliser cet article je me suis uniquement basé sur l’observatoire de la sécurité des activités nautiques et son bilan 2022. Je ne prends en compte que l’accidentologie plaisance en outre mer.
PRESENTATION
Le Système National d’Observation de la Sécurité des Activités Nautiques (SNOSAN) est un observatoire interministériel qui répond à la volonté de mieux connaître les caractéristiques des accidents relatifs à la plaisance et aux activités nautiques récréatives et sportives en eaux françaises.
Il est né de la conclusion d’un protocole d’accord interministériel le 2 juillet 2015 associant :
- Le Secrétariat d’État chargé de la mer ;
- Le Ministère des sports et des jeux olympiques et paralympiques ;
- Le Ministère de l’Intérieur ;
- L’École Nationale de Voile et des Sports Nautiques (ENVSN) ;
- La Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM).
Rappelons que le sauvetage en mer a été déclaré « Grande cause nationale » en 2017.
Le SNOSAN s’appuie sur les données provenant:
- de l’ensemble des centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (CROSS) métropolitains et ultramarins;
- des opérations SNSM pour lesquelles les CROSS n’ont pas été avisés. A terme, il pourra s’appuyer sur les données issues des SDIS.
BILAN 2022 OUTRE MER
Petite mise au point :
Aux Antilles, il me semble que les utilisateurs, essentiellement extérieurs à nos iles, s’imaginent que la mer des caraïbes est sans danger: une météo facile grâce à un vent agréable, du soleil et peu de mer. Le fait qu’il n’y ait pas de marrée, de courant, des alizés réguliers, de la cartographie électronique simple et « précise » invite une clientèle pas forcément très aguerrie. Tout ce passe bien dans 15nds de vent, sans grain et si le bateau est en bon état, mais dès que survient un petit incident celui-ci peut se transformer en panique et engendrer une consommation excessive des services de sécurité. Le circuit diesel désamorcé, un bout dans l’hélice, la panne sèche….et c’est rapide et facile d’appeler le 196 !
LES AVARIES MATÉRIEL
La 1ere place du podium des avaries revient à la catégorie » Rupture de mouillage » avec 136 cas en 2022.
- De part mon expérience, et ma présence régulière sur l’eau, je constate pas mal de bateau qui dérapent parce que la technique de mouillage n’est pas au point.
- il y a aussi les mouillage sur bouée, qui sont parfois plus dangereux que les mouillages sur ancre. Dans les iles du sud particulièrement où pour gagner quelques €$ des particuliers installent une bouée avec un bloc de béton mais oublient de faire un entretien régulier. Résultat ça casse !! Les anses d’Arlet en Martinique ont eu leurs lots de rupture de bouées !!
La seconde place revient aux avaries du « système de propulsion » avec 109 cas en 2022
- il faut comprendre ici les avaries de moteur. Dans cette catégorie, il y a tout : du plaisancier qui tombe en panne sèche, à celui qui n’arrive pas à allumer son moteur car il n’a pas fermer les coupe circuits, à la casse moteur parce que l’impeller est détruit par négligence d’entretien. Je pense que plus de 70% des avaries seraient évitées avec quelques bases de mécanique/électricité.
- Les propriétaires ne sont pas tous consciencieux, ils sont plus dans la logique : « réparation » que dans la logique « entretien »
- La majorité des bateaux qui naviguent dans nos eaux sont des bateaux de loc, et pour les avoir fréquentées, elle ne sont pas toutes très consciencieuses…. c’est l’usine en pleine saison !
La 3ème place c’est l’échouement 77 cas en 2022
- je pense que c’est du à la rupture de mouillage principalement, sur 136 cas de rupture au moins 50% atterrissent dans la caille.
- Pour les autres , comme nous n’avons pas de marrée, c’est probablement des erreurs d’observation ( avoir des lunettes polarisantes ) , une mauvaise utilisation du zoom sur la cartographie ( la règle du pouce )
- Le piège peut être aussi de penser que le vent étant tjs de secteur EST, je n’ai pas à me méfier de me retrouver porté à l’EST dans la nuit sur mon ancre. ERREUR, dans la pétole nocturne, le bateau peut très être porté à l’EST et se retrouver dans les roches, sur la plage….
- Je pense aussi à la navigation face au soleil. Sur l’eau le soleil crée un miroir qui nous rend impossible la perception des couleurs et des roches. Lors de vos approches préférez avoir le soleil au zénith ou dans le dos
4 ème place la « voie d’eau » 30 cas en 2022
- Une conséquence de l’échouement ….
- On pense tout de suite aux passes coques trop vieux, mal entretenus, aux durites qui percent donc défaut de contrôle avant de partir en mer. Toujours contrôler les passes coques avant une croisière !
- Mais il y a aussi les erreurs stupides comme laisser les hublots d’évacuation ouverts sur les catamarans
Je rajouterai personnellement un 5 ème risque pour « l’hélice engagée »
- c’est un risque important dans les Antilles Françaises. Les casiers de pécheurs étant matérialisés avec des bouteilles plastiques transparentes, c’est très rapide de s’en prendre un. Pour cela je recommande à tous mes stagiaires une vigilances accrue tant qu’ils naviguent dans les 70M de profondeur. 90% des casiers sont dans cette zone.
LES ATTEINTES PHYSIQUES
17 personnes décédées – 5 disparues….. on peut rapidement penser aux Hommes à la mer ( anneaux brisés !! ) A ce sujet seule la prévention est utile : toujours porter un gilet. Mais il y a aussi les décès liés aux maladies cardiaques qui nécessitent une intervention extrêmement rapide. En cas de problèmes cardiaques avertir le skipper des signes avant coureur, des bons gestes d’urgence, mais surtout se connaitre et ne pas dépasser sa ligne rouge.
En mer on peut avoir un avis médical d’un médecin urgentiste 24/24, 7/7 avec le CCMM de Toulouse, via la VHF.
104 blessés… sur un bateau c’est très rapide de se blesser, je ne vais pas énumérer tous cas mais sur mon bord je préviens quelques risques potentiels : L’utilisation du winch, du guindeau, les risques liés à la bôme, je préconise d’avoir des chaussures et des gants et j’invite chaque stagiaires à venir avec sa trousse médicale perso. Mais ce n’est pas tout, il faut aussi penser aux loisirs pendant les mouillages… les enfants qui plongent du roof, qui font tarzan avec les drisses, et les autres qui sont très créatifs !! Avertir aussi ses passagers des risques avec la faune ( corail, poissons…) la ciguaterra… et la flore ( mancenilliers… )
Enfin quand on arrive au mouillage après une bonne journée de navigation, que tout s’est bien passé, on s’imagine à l’abri et on oublie vite les dangers simples qui rodent, les enfants, les bateaux en manœuvre dans le mouillage, les annexes qui foncent sur l’eau…. Il arrive aussi, assez régulièrement qu’on noie son bonheur dans quelques verres et l’ébriété avancé sur un bateau peu apporter son lot de conséquences désastreuses. Le skipper doit rester bien vigilant face risque.
Pour avoir le bilan complet de l’accidentologie 2022 voici le lien à consulter:
https://www.snosan.fr/storage/app/media/PLAQUETTE%20SNOSAN%20Bilan%2022%20BD.pdf
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