Pour commencer, il y a plus de gagnants au loto que de personnes foudroyées. Ça rassure un peu mais pas totalement…..Ajoutons que sur mer les lois physiques de l’attraction électrique rendent le potentiel de la mer souvent plus accrocheur qu’un mât de bateau….
– aaah ! on se détend un peu plus…?
Bon mais quand même ! Le risque existe bel et bien un petit peu… que faire dans un orage en mer sur un voilier ?
Dans un éclair, la foudre, la différence de potentiel électrique (électrostatique) entre les deux zones peut atteindre 10 à 20 millions de volts. Autant dire qu’un interupteur ouvert ne suffira pas a stopper la propagation du courant. Disons même qu’un arc électrique pourrait se créer, avec juste la conduction de l’air, entre les 2 cadènes de hauban à l’interieur du carré !
– Là on rigole moins, hein !
Pour info: Vous pouvez estimer la distance de l’orage en comptant le temps entre la vision de l’éclair et le bruit du coup de tonnerre, sachant qu’une seconde équivaut à 300 mètres (5 secondes = 1 mille)
– mais 1 mille, c’est trop tard pour bien se préparer !!
On va donc essayer de réfléchir …. et déjà commençons par éviter de naviguer en situation orageuse, si c’est possible !!
Tombé à quelque dizaines de mètres …. (difficile à juger), toute l’électronique de bord h/s.
Le même soir dans le même orage quatre bateaux ont eut des dégâts plus ou moins important…. bizarrement tous des catas.
L’application Weather4D ( que j’utilise ) propose un paramètre météo interessant: CAPE Convective Available Potential Energy, (en français : Energie potentielle de convection disponible). Derrière cette dénomination barbare se cache un puissant outil de prévision des orages.
Une forte probabilité de CAPE Rouge associée à des probabilités de pluie importantes signalent un orage violent….. donc si vous prévoyez une navigation » non urgente » restez au mouillage :-) !!!
“La CAPE n’est pas une condition suffisante pour l’apparition des orages. Par analogie on peut la comparer à la poudre dans le baril mais il faut aussi la mèche… et le briquet pour l’allumer. En fait, c’est une indication intéressante si elle est accompagnée par des précipitations. En France des valeurs > 2000 J/Kg + précipitations sont souvent liées à des orages violents. Il faut donc l’interpréter comme une probabilité.”
il faut débrancher TOUS les câbles, antenne vhf, radar, gps et les alimentations 12V, et les sondes de sondeur, anémo…, tout fil/câble qui arrive sur un appareil
le moindre fil capte de l’énergie et le transmet à l’appareil, surtout le 12V qui transite par l’alternateur via les batteries, là où tout ou partie l’énergie de la foudre va passer pour rejoindre l’eau par l’hélice, mais pour déconnecter tt ça, c’est pas simple, par contre les appareils au tableau, on peut en faire + et si possible les mettre au four
c’est plus facile à dire qu’à faire, mais déjà avec ça on sauve l’électronique
BON ! et si on est pris dedans ?
Le premier réflexe consiste à:
- Ne pas toucher les parties métalliques à bord
- Mettre les gilets de sauvetage
- Étanchéifier les hublots
- Préparer le bateau au gros temps
- Rester à l’abri dans le carré
- déconnecter les batteries, car leur détérioration rendrait la suite de la navigation bien compliquée. Les coupe-circuits sont insuffisants, on doit séparer physiquement les câbles des batteries.
- Il faut ensuite déconnecter les aériens, comme la VHF, l’anémomètre, le feu de navigations et le radar. Ils ne seront pas préservés pour autant, mais on limite les risques de propagation du champ électrique au reste du bateau.
- débrancher tous les appareils du réseau NMEA si possible
- débrancher aussi le tableau électrique
- Enrouler un morceau de chaine autour du mât, des haubans et la laisser trainée dans l’eau
- Durant l’orage, pour protéger l’électronique portable (PC portable, smartphone, tablette, Lampe frontale, VHF portable, Iridium), il est conseillé de les stocker dans le four si vous en possédez un, il leur offrira un effet de cage de faraday.
Bref…on se retrouve à naviguer à vue, sans le pilote…. donc le mieux reste à se mettre à la cape sèche ( si on a de l’eau à courir ) et patienter….
PRÉVOIR , ANTICIPER et préparer le bateau….
S’assurer d’une continuité électrique parfaite entre le sommet du mât métallique et l’eau pour permettre au courant de foudre de s’écouler du sommet du mât jusqu’à l’eau. Dans ce cas, prévoir un conducteur métallique (par exemple un bout de chaine) supplémentaire entourant le mât et les haubans et le plonger dans l’eau.
Enfin vous pouvez consulter la fiche suivante ou consulter directement le site http://www.apfoudre.fr/
en atlantique , pris au milieu d’un orage mais pas impact direct décelable ( mat sur quille plomb) ensuite; bilan : anémomètre fusillé,mais rien de plus grave.
Désormais je pense qu’ à l ‘approche je couperais tous les CC des 2 parcs batteries , et je contrôle régulièrement l ‘état du fusible du mat + un de rechange à bord.
Cdlt.
Un dossier à lire en attendant les navigations du mois d’Aout ….
Et vous avez vous déjà été touché par la foudre ?
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2 commentaires
stéphane
Bonjour et merci pour cet article qui aborde un paramètre météo difficile à appréhender.
5 mars 2024La CAPE et ses valeurs dépendent aussi de la saison et du lieu géographique; impossible de se fixer une valeur à ne pas dépasser. Dans mes formations météo marine, j'enseigne avant tout le fait de comprendre la situation météo pour estimer le risque orageux, regarder un profil vertical ( si je ne suis pas en pleine mer) et observer le ciel.
François
Merci stéphane pour ce commentaire. Je mets en lien un article qui présente ce qu'est le profil thermique vertical. https://www.slate.fr/life/75730/peut-prevoir-les-orages-precision
5 mars 2024